[ARTICLE] Du 14 au 16 mars 2017, se tenait la Semaine Internationale du Transport et de la Logistique à Paris. Comme chaque année, ce rassemblement de professionnels permet de découvrir les évolutions de ce secteur particulièrement mouvant. Si vous étiez aux abonnés absents, nous revenons sur les idées phares évoquées lors de cette édition de la SITL.
« D’ici 2020, le camion autonome deviendra la normalité»
Même si vous n’avez pas assisté au Salon, vous êtes nécessairement au courant de certaines tendances qui émergent dans le secteur du Transport et de la Logistique. Drones, robots, véhicules autonomes, où en sommes-nous ? A l’heure où nous écrivons cet article de nouveaux acteurs voient certainement le jour. Parmi les projets qui font le plus parler d’eux, il y a le camion autonome de DAIMLER ou celui d’OTTO. Rêve ou réalité ? D’ici 2020, ce type de camion pourrait bien devenir la norme d’après certains intervenants. Quelques obstacles restent encore à franchir pour ces véhicules : surcoût, réglementation, performance… Il est tout de même possible d’imaginer ces camions rouler sur des tronçons spécifiques avec à bord un conducteur qui prendrait le relais pour les derniers kilomètres ou bien totalement pilotés à distance. La consommation en serait réduite et la sécurité accrue.
« L’explosion du e-commerce a entraîné une augmentation de 15 à 20% des colis en ville. »
L’automatisation concerne également la livraison des marchandises jusqu’au consommateur : la livraison urbaine. L’explosion du e-commerce a entraîné une augmentation de 15 à 20% des colis en ville. Cela engendre un accroissement important du nombre de véhicules donc plus de congestion et plus de pollution. Le marché du premier/dernier kilomètre est un haut lieu d’expérimentation. Consignes, robots, drones, livraisons collaboratives, en véhicules électriques ou GNV, à vélo ou à pied, les startups rivalisent d’ingéniosité. Verrons-nous bientôt dans le ciel le balai des drones d’Amazon ou d’UPS livrer les colis ou les robots de Starship sillonner nos trottoirs ? Le bon équilibre reste à trouver mais la concrétisation est en marche.
« La Blockchain fait son apparition dans la chaîne d’approvisionnement »
La digitalisation contribue à la révolution de l’information (data) et touche directement la logistique. L’enjeu de demain sera de maîtriser ces données et de les mettre au service de la performance. Ceci sera particulièrement le cas dans les entrepôts dans lesquels l’automatisation et la robotisation investissent peu à peu la Supply Chain. Depuis 2008, la Blockchain a fait son apparition dans le monde bancaire et arrive doucement mais surement dans la chaîne d’approvisionnement. Cette nouvelle technologie de gestion des échanges et de l’information permettrait de fluidifier les processus. En mutualisant et en décentralisant l’information dans des « blocs », les différents acteurs pourront accéder à des données sécurisées. Il est envisageable par exemple d’utiliser la Blockchain pour améliorer la traçabilité des aliments.
« 4000 emplois ne sont pas pourvus en Transport et en Logistique »
Un autre élément clé, évoqué à la SITL et vécu par la plupart des transporteurs et logisticiens : la raréfaction des candidats (cf. Les 5 facteurs déterminants de l’emploi en logistique). Même si Amazon a mis un coup de projecteur sur la Logistique, ce secteur reste bien souvent dans l’ombre et ne séduit pas les élites. C’est pourquoi notamment 4000 emplois ne sont pas pourvus en Transport et en Logistique. Les profils pointus et expérimentés sont très difficiles à trouver. Cela s’accentuera davantage avec l’essor de la robotisation et de l’automatisation du secteur qui feront apparaître de nouveaux métiers qui nécessiteront une forte spécialisation. La stratégie France Logistique 2025 devrait accompagner la formation et la montée en compétences des salariés. Certains grands acteurs du secteur comme XPO ont créé un centre de formation dédié à la logistique pour palier à ce manque de main d’œuvre spécifique et qualifiée. En parallèle, le modèle social du salarié est bousculé par un réel besoin de flexibilité et d’indépendance comme le souligne Stuart.
« Des véhicules électriques ou au GNV permettent de réduire considérablement les émissions de CO2 mais aussi la pollution sonore. »
Enfin, le dernier enjeu du Transport et de la Logistique de demain est l’Environnement. Même si beaucoup d’acteurs ont pris conscience de leur rôle, il faudra redoubler d’efforts pour limiter l’impact de nos activités sur la Planète. Dans le Transport, les véhicules propres trouvent leur place dans la distribution urbaine. C’est le cas notamment pour l’entité Vert chez Vous de Labatut Group qui livre en ville avec sa flotte 100% propre. Ce type de véhicules, électriques ou au GNV permettent de réduire considérablement les émissions de CO2 mais aussi la pollution sonore. Face aux coûts encore élevés de ces véhicules, des alternatives se dessinent notamment avec la société Carwatt qui s’inscrit dans l’économie circulaire en transformant des véhicules thermiques en véhicules électriques. Livrer à vélo, à pied ou avec des chariots autonomes est le pari de plusieurs startups pour diminuer la pollution et gagner en rapidité et en agilité. Par ailleurs, d’autres optent pour le multimodal en jonglant avec le fret routier, ferroviaire ou maritime. En Logistique aussi, les actions se développent. Au-delà des efforts incontournables comme le passage à l’éclairage LED, l’une des démarches vertueuse consiste à réhabiliter (et parfois dépolluer) des terrains en friche pour créer de nouvelles aires logistiques respectueuses de l’environnement et plus pérennes. D’autant plus que ces aires de stockage, parfois à étages, deviennent XXL (jusqu’à 200 000m2).
Comme il a été évoqué lors de cette SILT, la nouvelle adresse de livraison est la Planète. Le rythme s’accélère aussi du côté de la demande qui exige une meilleure réactivité et rapidité de livraison. Et nulle ne peut ignorer l’importance de l’expérience client. Les besoins d’échanger et de transporter perdureront mais face à un monde toujours plus complexe et à la mouvance de notre marché, le conseil donné aux grandes entreprises est de faire preuve d’agilité, d’anticipation et d’expérimentation notamment aux côtés des startups innovantes.